Je veux agrandir ma ferme laitière, quid du travail?

L’agrandissement des exploitations laitières se fait de plus en plus rapidement: en 2008, seuls 4% des élevages wallons avaient plus de 100 vaches laitières, en 2015 ce nombre passe à 20%. Comment les éleveurs wallons font-ils pour gérer ces nouvelles structures tout en se dégageant suffisamment de temps libre ? Ce fut la thématique analysée par de nombreux projets de recherches soutenus par la Wallonie.

Organisation du travail : le bilan
Des éleveurs wallons (±6% de la population) ont été enquêtés concernant leur travail quotidien et leur perception de celui-ci. Pour 80% d’entre eux, l’organisation du travail devrait être améliorée et ce, de manière plus ou moins rapide (32% d’entre eux jugent même qu’il est urgent d’agir). Les points à revoir concernent généralement la capacité à se dégager du temps libre (en semaine ou le week-end), la gestion administrative de l’exploitation, la gestion des périodes de « rush » ou encore la pénibilité du travail (d’un point de vue physique).  


Qu’en est-il du temps de travail?
Le temps de travail de 68 exploitations a été quantifié sur base de la méthode « Bilan travail » dont 7 élevages avec robots de traite. Ces exploitations sont essentiellement herbagères et disposent en moyenne de 60ha pour 73 vaches laitières (à ±7000 litres/vache).  

50% de ces exploitations ne rémunèrent qu’une seule unité de main d’œuvre (pour 40% d’entre elles, 2 personnes sont présentes sur la ferme) mais le bénévolat reste prépondérant puisqu’il est présent dans 2/3 des fermes. Dans les exploitations de plus grande taille, les besoins en main d’œuvre sont plus importants mais proportionnellement chaque unité de main d’œuvre gère moins de surfaces (ou de production) que dans les exploitations avec une seule unité de main d’œuvre.  

Le travail quotidien dans les exploitations sans robot représente environ 67h par semaine (soit ± 9h30 par jour). L’efficience du travail augmente avec la production laitière et se traduit par une économie d’échelle, grâce notamment à la main d’œuvre plus importante.  

Des études françaises mettent en évidence qu’en situation idéale le travail d’astreinte devrait être de 35h par UGB par an, ce qui est vrai dans 25% des exploitations wallonnes auditées. Dans certains cas, on explique un temps de travail supérieur par le temps de traite, celui-ci variant de 2 à 8 min par vache et par jour entre les exploitations enquêtées. Le sous-équipement rencontré régulièrement lors d’un agrandissement rapide de la structure reste le facteur limitant.  


Un robot de traite pour diminuer son temps de travail?
7 éleveurs de l’enquête disposaient d’un robot de traite. Celui-ci permet de réduire le travail d’astreinte (3h54/1000 litres avec robot contre 7h42 sans robot) mais aussi d’avoir une plus grande flexibilité. Néanmoins, il ne faut pas sous-estimer les changements dans la gestion du troupeau qui impliquent d’accorder plus de temps à l’observation des animaux, à l’analyse des données et à la gestion des alarmes et des vaches récalcitrantes (ayant des problèmes avec l’automate).  


Mon exploitation est-elle vivable?
Le temps disponible est un indicateur pertinent qui permet d’estimer la vivabilité des exploitations. Idéalement, le rapport du temps disponible par personne présente à temps plein dans l’exploitation (et dégageant un revenu) doit être supérieur à 900h. Dans les exploitations wallonnes enquêtées, il s’élève en moyenne à 700h, avec une grande disparité entre exploitations. Les rapports les plus faibles sont rencontrés dans les exploitations où la surface et/ou le cheptel (par personne) sont les plus importants. Pour bénéficier de suffisamment de temps disponible, il faudrait se limiter à 50 vaches laitières par personne.  


Quels points d’attention quand on veut augmenter la taille de son exploitation?
Avant de vous lancer dans l’agrandissement de votre structure, il faudrait vous positionner en termes de temps de travail : quel est le temps accordé au travail d’astreinte ? à la traite ? suis-je dans les normes ? à l’heure actuelle, est-ce que je sais me dégager du temps libre?  


Une fois le bilan réalisé, il faut repenser l’organisation du travail dans son exploitation et pour cela 3 points d’attention ont été identifiés. Tout d’abord, il est nécessaire d’établir une communication efficace entre les personnes travaillant dans l’exploitation. Deuxièmement, il faut se répartir les tâches mais tout en prenant en compte la façon de travailler de chacun (simplificateur vs perfectionniste). Enfin point à ne pas négliger, il devient intéressant de se former en gestion du personnel.  

 


Pour plus d’infos contactez Amélie Turlot: a.turlot@cra.wallonie.be
Voor meer info / Plus d’infos
Lise Boulet (CRA-W)

Publicatiedatum / Date de publication 13/01/2020
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