L’urée à libération lente: une solution efficiente en azote?

Dans le cadre du projet PROTECOW, où l’on vise le remplacement du soja mais aussi une efficience azotée optimale, il existe des sources d’urée intéressantes à utiliser en tant qu’additifs dans la ration des vaches laitières. En effet, plusieurs études ont démontré qu’utiliser de l’urée à libération lente (ULL) dans la ration a une influence positive sur l’efficience azotée. Mais quels sont les avantages et les limites de ce produit ?

L’utilisation d’urée dans la ration
Pas moins de 50% des protéines absorbées dans l’intestin grêle sont microbiennes. Ces protéines microbiennes se forment dans la panse à partir de l’azote et de l’énergie, tous deux originaires de la fermentation des aliments. Dans une ration équilibrée, l’azote et l’énergie sont convertis au maximum en protéines microbiennes. L’OEB (Onbestendige EiwitBalans) définit le rapport entre l’énergie et les protéines disponibles dans le rumen pour la production des protéines microbiennes. Cela veut donc dire, qu’en cas d’OEB négatif, il n’y a pas assez de protéines disponibles dans la panse comparé à l’énergie présente. Ainsi, la production de protéines microbiennes ne sera pas optimale. Dans ce cas, il est possible de rajouter de l’urée comme source d’azote. D’autant plus que l’urée est une source azotée bon marché qui peut remplacer le soja partiellement. En outre, la disponibilité de l’énergie et la dégradation protéique sont parfois désynchronisées pendant la journée. Si la distribution d’urée n’est pas étalée sur la journée, elle peut entrainer un surplus d’azote.


Quels sont les risques liés à l’utilisation de l’urée?
L’apport d’une trop grande quantité d’urée dans la ration est plus susceptible de se produire par accident, comme par exemple lors d’une distribution inégale dans la mélangeuse. Ceci peut alors mener à une baisse d’ingestion par vache laitière et à une réduction de la fertilité. Dans des cas extrêmes, l’urée peut même induire une intoxication ammoniacale : les vaches salivent, sont faibles ou montrent des problèmes respiratoires. En cas de surplus azotée, la vache excrète plus d’azote par ses effluents. Le surplus en azote se transforme en ammoniac dans l’étable ou il se dépose dans le sol pendant l’épandage d’effluents. Un enrichissement nutritif trop excessif peut réduire la qualité des eaux superficielles. Afin d’éviter ces risques, l’urée ne peut être utilisé que sous forme de prémix. Conformément à la législation, ce dernier peut contenir une concentration maximale de 88% d’urée.


L’ULL : l’urée à libération lente
L’ULL est une source d’urée qui est enrobée de lignine, de chlorure de calcium ou d’une couche lipidique. Ainsi, l’azote se dissout progressivement dans la panse. Plusieurs études ont démontré qu’une sorte d’ULL, à savoir l’ Optigen? (Alltech Inc, Lexington, VS) améliore l’efficience azotée et  l’utilisation des fourrages, suite à une production supérieure de protéines microbiennes. Ainsi, avec 100g d’ULL, il serait possible d’économiser jusqu’à 1 kg de tourteau de soja. Utiliser moins de correcteur azoté peut entrainer une ingestion de fourrage surélevée. En théorie, il serait possible de remplacer 100% du soja. Néanmoins, les résultats de recherche indiquent que l’apport de protéines alimentaires de base reste indispensable. En effet, cela assure une production de protéines microbiennes suffisante pour garantir l’apport en acides aminés essentiels nécessaires à la production de lait.


Qu’en est-il de la production laitière?
L’ULL a donc plusieurs avantages par rapport à l’urée administrée en une ou deux fois par jour. Par contre, la question se pose de savoir si la distribution d’urée en plus de 2 fois par jour pourrait donner le même effet ? C’est suite à cette question, qu’ILVO a réalisé un essai en la ferme expérimentale afin de comparer l’urée et l’ULL. Lors de l’essai, les vaches recevaient entre 100g et 228g d’urée en 4 portions par jour. Les deux sources ont été mélangées manuellement dans les fourrages, dans un bac individuel. Cette expérience a démontré que l’ULL n’avait pas d’effet significatif sur la production laitière comparé à l’urée. Dans les autres études, l’effet de l’ULL sur la production est analysé pour des rations dans lesquelles l’ULL remplace une partie du soja et non l’urée en lui-même, ce qui est une toute autre comparaison.


Conclusion
L’urée peut remplacer une partie du soja dans la ration vache laitière. La libération d’urée progressive de l’ULL optimise l’utilisation des protéines et des fourrages, en améliorant dans certains cas la production de lait. L’ULL est un bon produit, néanmoins, le prix (mars ’20 : 2.5€/kg) est beaucoup plus coûteux que l’urée (mars ’20 : 0.43€/kg). Si vous avez la possibilité de distribuer l’urée plusieurs fois par jour sur votre exploitation, à l’aide d’une mélangeuse ou d’un DAC, l’utilisation de l’ULL pourrait ne pas se justifier.

 

 

 
Voor meer info / Plus d’infos
Maryline Lamérand (ILVO)

Publicatiedatum / Date de publication 18/03/2020
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