Réfléchir ensemble sur l'optimisation de son élevage laitier

Il y a six mois, nous avons réuni 18 éleveurs dans un club transfrontalier. Six éleveurs wallons, six éleveurs flamands et six éleveurs du Nord de la France discutent de manière très ouverte sur leurs chiffres techniques et économique. Il est très enrichissant de réfléchir ensemble sur l’optimisation de la gestion des élevages.  

Lors des réunions du club, différents sujets sont abordés, tels que l'alimentation, la production de lait, les taux et le rendement. Les échanges d'expériences et de réussites permettent aux éleveurs d'élargir leur vision. Avec le soutien des consultants d'Avenir Conseil Elevage, du CRA-W, d'IDELE, d'ILVO et d'Inagro, nous souhaitons progresser ensemble. Six mois après le lancement du club, il y a déjà beaucoup de résultats intéressants.


Fourrages de bonne qualité et taux
Un premier résultat observé grâce au groupe d’éleveurs est que les différences de prix du lait entre les régions ou pays (prix par litre) ne résultent pas uniquement d’une différence du prix de base. En effet, ce dernier n’explique qu’à moitié les variations de prix. Le principal facteur impactant est la qualité du lait et plus précisément les taux TB et TP. Entre les trois élevages les plus bas et les trois élevages les plus hauts en taux, la variation est de l’ordre de 4.5° TB et 1.5° en TP. Cette différence de taux a une influence importante sur le prix du lait dans chaque région. Mais attention, le niveau de production doit rester stable ! En produisant moins de litres par vache avec des taux plus élevés vous augmenterez le prix par litre de lait. Toutefois, le revenu final par vache ne sera pas forcément plus élevé, or c’est cela qui est important.  

La plus grande différence entre les élevages se situe au niveau du TB. Bien sûr, les TB et TP du lait sont en partie déterminés par la génétique des individus, mais la ration peut également fortement les influencer ! Il a été prouvé scientifiquement que le TB du lait diminue de manière importante lorsque la vache se trouve en acidose ruminale. Pour éviter l’acidose, la ration de base doit avoir une structure suffisante. Les recherches scientifiques menées par l’institut de recherche flamand Ilvo ont démontré que la valeur de structure d’un préfané était plus élevée que celle d’un ensilage de maïs du fait de sa teneur en cellulose brute. Grâce à l’ensilage d’herbe, on diminue les risques d’acidose ruminale.  

En Flandre, les éleveurs utilisent une importante quantité d’ensilage d’herbe dans leurs rations pour vaches laitières. Une ration moyenne en Flandre-Occidentale contient 5,5 kg de MS d’ensilage herbe et 8,5 kg MS d’ensilage de maïs. Dans le Nord de la France et en Wallonie, les rations se composent plutôt de 10 kg de MS d’ensilage maïs, ce qui laisse moins de place pour l’ensilage d’herbe. Dans ces rations, la structure est le plus souvent apportée par la paille. Pour pouvoir incorporer 5.5 kg de MS d’ensilage d’herbe dans la ration sans perdre en production de lait, il est obligatoire d’avoir un ensilage de bonne qualité. Les points clés pour produire un bon ensilage sont la fertilisation, le moment de fauche, les conditions météorologiques entre la coupe et l’ensilage, et un réglage correct du matériel. Les discussions de groupe font ressortir que l’herbe est la culture la plus importante sur un élevage laitier.

Diminuer les concentrés
Un deuxième constat résultant des échanges transfrontaliers concerne l’utilisation des concentrés. En effet, les éleveurs des trois régions produisent en moyenne la même quantité de lait par vache et par jour (environ 30 kg de lait par vache et par jour au cours du printemps 2018) mais avec des quantités de concentrés distribuées très différentes. Sur ce point, les producteurs laitiers belges doivent apprendre de leurs collègues français. Comme l’ont formulé les éleveurs au cours des réunions, il est primordial d’avoir confiance dans la qualité de ses fourrages. En cas de déficit fourrager, il est normal de se pencher sur les concentrés et leurs prix pour choisir ce qui sera finalement acheté (fourrages ou concentrés) pour pallier au manque.  

Cependant, dans les exploitations où les fourrages sont de bonne qualité et présents en suffisance, les éleveurs doivent s’interroger si tous les concentrés distribués sont véritablement nécessaires. D’une manière générale, il y a peu d’économie à réaliser sur les correcteurs azotés distribués puisqu’une ration doit être équilibrée. Mais la question se pose pour le concentré de production : est-il vraiment nécessaire ? c’est-à-dire est-ce que le lait produit en plus par vache va compenser les surcoûts supplémentaires ? Utiliser 10 grammes par litre de lait de concentrés en moins peut sembler peu, mais avec une production annuelle de 500 000 litres (55 vaches à 9 250 litres lait/vache), cela représente finalement une économie de près de 5 tonnes de concentrés. Ce qui est d’autant plus intéressant quand la production ne chute pas et que les taux augmentent ! Pour maintenir la production, il faut ajuster par petites touches les quantités distribuées. Il est évident qu’économiser de l’aliment concentré n’est pas un but en soi : ce qui est visé c’est bien de faire plus de lait par kg d’aliments concentrés utilisés.

Remplacement du soja par les sources azotées locales
Le tourteau de soja est un aliment très intéressant en complémentation du maïs du fait de sa teneur en protéines très élevée mais il présente deux inconvénients majeurs : il n’est pas produit localement et son prix est très volatil. Des simulations ont été réalisées durant le projet afin d'évaluer les effets d’une suppression totale ou partielle de ce tourteau de soja dans la ration des vaches laitières de la région Flandre-Wallonie-Hauts de France.  

Trois exploitations types ont été modélisées pour représenter la diversité des exploitations laitières du territoire transfrontalier. Des simulations pour réduire le soja ont été testées sur ces exploitations modèles. Les fiches de simulations seront disponibles à partir du mois de novembre sur notre site web, dans la rubrique ‘documents’.  
 
 

Plus d’infos

  • En Flandres: Eddy Decaesteker (Inagro) et Leen Vandaele (ILVO)
  • En Wallonie : Lise Boulet (CRA-W)
  • En France : Benoît Rouillé (IDELE) et Benoît Verriele (ACE)
Voor meer info / Plus d’infos
Eddy Decaesteker (Inagro)
Lise Boulet (CRA-W)

Publicatiedatum / Date de publication 20/09/2018
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